Table-Ronde n°1

Poussée des extrémismes et des nationalismes, alliances des populismes, dénis intentionnels du DIH : Quels impacts sur les acteurs humanitaires ?

Jour et heure

Jeudi 30 Janvier, 14h45-16h00

Objectifs de la session

L’objectif de la session n’est pas de dresser un état des lieux de ces différents processus début 2025 : ils sont supposés être connus de l’auditoire du Forum. Mais – après un éclairage contextuel sur deux de ses volets (dénis du DIH et guerres sans fin, ni but stratégique) – d’échanger et partager les positionnements, les pratiques, les réponses ou les hésitations des acteurs humanitaires. Face à un vide béant, où s’affirment de plus en plus des blocs de puissance n’ayant qu’une seule règle dans les relations entre Etats : le rapport de force, au gré des opportunités et en (presque) toute impunité.

Problématisation

Le contexte géopolitique et sociétal mondial dans lequel les acteurs humanitaires s’efforcent d’agir connaît des bouleversements structurants/déstructurants en cette seconde décennie du XXIème siècle. A une ère de multilatéralisme et de transnationalisme (au sein duquel les organisations humanitaires s’inscrivaient assez aisément, en constituant même un des éléments), plus ou moins régulée par le Système des Nations Unies, succède un paysage de plus en plus éclaté, voire chaotique.

Il est marqué – particulièrement – par la poussée des extrémismes et des radicalisations dans un nombre croissant de pays. Tandis que les nationalismes – qui remettent en cause la norme de la coopération entre Etats – effectuent un retour en force et font prédominer une logique de peur et d’affrontement. Tandis que les populismes de tout bord nouent des alliances et produisent des effets de réplications jugés improbables jusqu’à il y a peu. La victoire électorale retentissante de Donald Trump aux élections présidentielles américaines en est un signe éclatant, mais pas unique.

En pareil contexte, l’application et le respect du Droit International Humanitaire (comme celui du Droit International des Droits de l’Homme) est l’objet de remises en cause, qui – même s’il s’en est déjà produit historiquement – vont sans cesse croissantes. Tandis que les conflits armés de haute intensité se multiplient et s’installent dans la durée, au prix de pertes humaines et de destructions considérables. Tandis que chacun de ces conflits n’éveillent pas la même attention, le même respect du DIH, selon qu’ils exacerbent des partis pris sensibles ou sont trop éloignés des intérêts des anciennes ou nouvelles puissances. Sans compter l’apparition – durable et multiforme – de phénomènes de gangstérisation mafieuse, contrôlant des pans entiers de territoires sans que l’on sache toujours comment se positionner à leur égard, faute d’identification/qualification politique et juridique clairement déterminées.

Comment ce cadre totalement inédit – depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale – impacte-t-il les acteurs humanitaires ? Modifie-t-il leurs pratiques et leur plaidoyer ? Comment y réagissent-ils et s’y adaptent-ils ? Ou pas ? Les principes humanitaires, les normes qui structurent le milieu, le DIH et le DIDH constituent-ils un bloc auquel se référer en toutes circonstances ? Ou, faut-il – désormais – s’efforcer de préserver les fondamentaux, tout en faisant montre d’une flexibilité élargie par rapport à celle dont les opérateurs humanitaires usent déjà ?

Les intervenants

Modération : 

  • Julia GRIGNON, Directrice scientifique de l‘IRSEM et professeure à l’Université de Laval / Québec

Panélistes :

  • Sylvie BRIGOT, Directrice générale, Amnesty International France
  • Daniela FATARELLA, Directrice générale, Save the Children Italie
  • Hichem KHADHRAOUI, Directeur exécutif, Center for Civilians in Conflict