Séquence Convictions

Humanitaires et Média : des complémentarités fragiles ?

Jour et heure

Samedi 1er Février, 9h30-11h00

Problématisation

Les relations entre médias et acteurs humanitaires – depuis longtemps observées, analysées et/ou critiquées – sont marquées par une interdépendance stratégique, mais aussi par des défis liés à l’indépendance et à la véracité des informations. Au cours des cinquante dernières années – si l’on considère seulement l’émergence du mouvement sans-frontières, à partir de la France –, les relations entre les médias et l’humanitaire ont évolué de manière significative. Si les journalistes ont souvent été des soutiens engagés dans les années 1970, les crises humanitaires ont ensuite été principalement relayées par des couvertures plutôt sensationnalistes au cours des années 1980 (comme lors de la famine en Éthiopie en 1984-1985), puis 1990 (Somalie, Bosnie). Avant de devenir de plus en plus critiques à partir du XXIe siècle (Tsunami, Haïti, Afghanistan, Irak, Palestine, Soudan…). De leur côté, les organisations humanitaires ont de plus en plus professionnalisé leurs relations publiques. Faisant face aux critiques, elles ont repensé leurs stratégies de communication. Afin de concilier efficacité, éthique, recherche du soutien des opinons publiques, d’autres acteurs de la société civile (Fondations, Entreprises) et enfin des divers échelons politiques. L’émergence d’Internet et des réseaux sociaux dans les années 2000 a accéléré ces transformations, les acteurs humanitaires devenant eux-mêmes – dans certains cas – des médias, en publiant directement leurs messages et contenus journalistiques pour constituer et mobiliser leurs communautés en ligne.

Cette évolution a – certes – permis de reconfigurer la relation système médiatique/système humanitaire, mais elle a également conduit à une saturation de l’information et à une concurrence accrue pour capter l’attention, les plateformes humanitaires ne permettant pas toujours de toucher un vaste public. En somme, ces interactions reposent de plus en plus sur un rapport particulier entre l’événement, en tant que construction médiatique de l’information, et le discours des acteurs humanitaires, organisé en fonction de leurs propres stratégies discursives.

De son côté, le système médiatique a connu des transformations d’une intensité jamais égalée depuis l’émergence de la presse écrite au XIXe siècle, puis de l’audio-visuel au XXe. Avec le numérique, les réseaux sociaux, l’instantanéité et la mondialisation de la couverture des événements, les fake-news, la post-vérité, le fonctionnement des internautes en groupes d’appartenance, la disparition progressive de la hiérarchisation des informations au profit d’une sur-consommation et d’une relativisation de l’information. Il s’y ajoute que la place croissante est occupée par de nouveaux acteurs, particulièrement les influenceurs/ceuses, les administrateurs/trices de chaînes You Tube ou Telegram ou de comptes X et leurs millions, voire dizaine de millions de Followers.

Enfin, les citoyens français (mais cela doit être vrai ailleurs également) – soutiens essentiels pour des structures issues de la société civile, telles les ONG – sont non seulement de plus en plus atteints par une « fatigue informationnelle », mais pratiquent désormais aussi un « exode informationnel ». Une étude publiée le 11 décembre 2024 – conduite par la Fondation Jean Jaurès, ARTE, la Société de Conseils ObSoCo – pointe ainsi « une sensation angoissante de ne plus rien y comprendre ».

Dans ce contexte, comment les dirigeant.e.s des organisations humanitaires parviennent-ils/elles – ou pas… – à communiquer sur leurs convictions et à informer sur les actions de ces dernières ?

Les intervenants

Modération : 

  • Benoît MIRIBEL, Membre du CO du FEH

Panélistes :

  • Dana POPESCU-JOURDY, Présidente, Communication sans Frontières
  • Emanuela CROCE, Co-Directrice, CARE France
  • Thibaut BRUTTIN, Directeur Général, Reporters sans Frontières
  • Chibuzo OKONTA, Directeur Général, Action contre la Faim France

Salle : Partage d’analyses avec les dirigeant.e.s