Lab’ n°2

Regards croisés sur les choix institutionnels et opérationnels des ONG face à des politiques migratoires contraignantes Canada/Italie/France

Jour et heure

Vendredi 31 Janvier, 9h00-11h00

Objectifs de la session

Dans un contexte mondial marqué à la fois par l’intensification des flux migratoires et les phénomènes de rejet qu’ils suscitent, les Organisations de la Société Civile (OSC) (ONG, Croix-Rouge, associations locales de citoyens) se trouvent confrontées à un double défi : répondre aux besoins humanitaires croissants des migrants tout en composant avec des cadres réglementaires nationaux de plus en plus restrictifs. Dans des contextes puissamment influencés par une montée des politiques de fermeture(s), de contrôle(s), d’expulsion(s), s’alimentant de discours saturant l’espace public de nature populiste, souverainiste, voire extrémiste. Cette tension fondamentale soulève la question suivante : comment les OSC adaptent-elles leurs stratégies institutionnelles et leurs modes opératoires face à des politiques migratoires contraignantes, et quelles leçons peut-on tirer ou exemplifier d’une analyse comparative entre le Canada, l’Italie et la France ?

Problématisation

Axes d’analyse

  1. Cadres institutionnels et marges de manœuvre
    • Canada :
      • Système d’immigration planifiée et rôle consultatif des ONG. La Déclaration de Los Angeles sur la migration et la protection de 2022 réunissant 18 Etats (dont les USA, le Mexique et le Canada) vise notamment à investir massivement dans des projets à caractère économique dans les pays d’origine des migrants.
      • Postulat que le développement économique génère des opportunités qui « freinent » la migration.
      • Conséquences sur la frontière Etats-Unis/Canada, de la pression migratoire considérable venant d’Amérique Centrale exercée sur la frontière Mexique/Etats-Unis.
      •  Politiques divergentes entre les niveaux fédéral et provincial.
    • Italie :
      • Pression migratoire méditerranéenne et criminalisation croissante de l’aide.
      • Tentative d’externalisation hors sol des demandes d’asile (accord avec l’Albanie).
      • Construction de politiques de « co-développement » avec les pays de départ des migrants (accord avec la Tunisie, rapprochement avec la Syrie d’Assad).
    • France :
      • Tradition d’asile de plus en plus contestée par différentes forces politiques et mise à mal par des politiques publiques de renforcement des contrôles, de rejet des demandes et d’augmentation des expulsions, ainsi que des reconduites à la frontière, le tout relayé par un traitement médiatique souvent contestable
      • Inflation législative et réglementaire en expansion continue. 
  2. Stratégies d’adaptation des ONG
    • Évolution des modèles organisationnels
    • Diversification des sources de financement
    • Développement de nouveaux partenariats
    • Innovation dans les modes d’intervention
    • Protection des droits fondamentaux des migrants?
  3. Enjeux et défis communs
    • Tension entre mission humanitaire et respect du cadre légal
    • Pérennité des actions et viabilité financière
    • Coordination inter-ONG et dialogue avec les autorités
    • Protection des droits fondamentaux des migrants

Points de discussion

  1. Comparaison des approches nationales
    • Impact des contextes géographiques et politiques sur les stratégies des ONG
    • Rôle des traditions historiques et culturelles
    • Influence des opinions publiques
    • Enjeux politiques, électoraux et sociétaux
  2. Innovation et adaptation
    • Nouvelles formes de mobilisation et de plaidoyer
    • Utilisation des technologies numériques
    • Développement de réseaux transnationaux
  3. Perspectives d’avenir
    • Évolution prévisible des politiques migratoires
    • Adaptation nécessaire des modèles d’intervention
    • Pistes de collaboration renforcée

Conclusion

L’analyse comparative des situations au Canada, en Italie et en France révèle la complexité des défis auxquels font face les acteurs des sociétés civiles dans leur mission d’assistance aux migrants. Elle met en lumière la nécessité d’une adaptation continue de leurs stratégies et modes opératoires, laissant à chacun le choix entre un dialogue aussi constructif que possible avec les autorités pour concilier impératifs humanitaires et contraintes légales. Ou de la tentation de l’opposition frontale, de la dissidence, voire de la désobéissance civile. Avec les risques réputationnels et légaux susceptibles d’en découler pour les organisations et leurs membres.

Les intervenants

Modération : 

  • Charlotte SCHNEIDER, Membre du CO du FEH

Panélistes :

  • François AUDET, Directeur, Observatoire Canadien sur les Crises et l’Action Humanitaire (OCCAH)
  • Raffaele SALINARI, Save the Children International
  • Sophie LASSERRE, Responsable programme Urgence / Santé mentale, Fondation de France
  • Sophie BEAU, Directrice Générale, SOS Méditerranée